Si vous avez accès à une étendue d’eau, pourquoi ne pas envisager d’y semer du riz sauvage (Zizania aquatica) cet automne? Bien qu’ils n’aient aucun lien de parenté avec le véritable riz appartenant au genre Oryza, les plants de Zizania produisent de longs grains d’un noir profond qui constituent un met savoureux. Traditionnellement, le riz sauvage est récolté en canot par les amérindiens Ojibwés de la région des Grands Lacs en battant les épis à l’automne à l’aide d’un aviron. À petite échelle, la récolte s’effectue encore de cette manière. L’espèce présente un excellent potentiel faunique, d’ailleurs un grand nombre d’espèces de canards raffolent des grains de riz sauvage et les plants leur procurent un très bon couvert. D’autres animaux profitent de l’introduction de cette espèce dont de nombreux oiseaux et certains mammifères. L’introduction du riz sauvage dans les marais peut être une excellente façon de les soutenir.
En plus de ses intérêts gastronomique et faunique, le riz sauvage est l’une de nos plus belles et grandes graminées indigènes, car il peut atteindre 2 mètres de hauteur. Bien que plutôt rare au Québec, cette espèce pousse dans les cours d’eau à faible débits, les étangs, les marais et les lacs à une profondeur variant de 10 centimètres à 1 mètre (idéalement entre 45-50 cm). Les endroits où l’on retrouve une légère circulation d’eau sont préférables. Puisqu’il doit être dans l’eau la presque totalité de la saison, soit d’avril à août, cela demande une certaine stabilité du niveau de l’eau, car il est sensible aux brusques variations du niveau d’eau. De plus, les vagues fortes peuvent l’endommager. Espèce de plein soleil, le riz sauvage ne supporte pas l’ombre. Puisqu’il tolère plutôt mal la compétition, il est préférable de le semer à des endroits exempts de prêles (Equisetum spp.), de quenouilles (Typha spp.) et de rubaniers (Sparganium sp). Finalement, avant de l’implanter, il est aussi important de vérifier l’acidité de l’eau dont le pH doit idéalement se situer entre 3,5 et 6,8.
L’ensemencement du riz sauvage se fait à l’automne, avant les premiers gels. En attendant le semis, les grains de riz doivent être gardées constamment humides et au frais (réfrigérateur) afin de conserver leur viabilité. Si les graines se déshydratent, elles perdent très rapidement leur pouvoir germinatif (germination de 45% après 4 semaines et de 1% après 7 semaines). Les graines vendues pour la consommation sont inutilisables pour la propagation, car elles ont été chauffées à sec et ne peuvent donc plus germer.
Tout juste avant de procéder au semis, il est recommandé d’immerger les graines 24 heures dans l’eau. Pour ce faire, placer les semences dans un sac de coton tel une taie d’oreiller afin de s’assurer que les graines sont bien sous l’eau et qu’elles ne flottent pas à la surface. Après ce trempage, les graines sont ensuite lancées à la volée directement dans l’eau sur le site choisi, soit de la berge ou à partir d’une embarcation. Le taux de semis suggéré pour une bonne récolte de grains est de 30 à 40 kg/ha (3 à 4 g/m2).
Le cycle de vie de cette plante annuelle est assez inusité. Après le semis d’automne, le froid de l’hiver permet d’effectuer une stratification qui permettra la germination sous l’eau au printemps suivant, dès le moment où la température de l’eau dépasse 4ºC. Un mois après la germination, on voit apparaître à la surface une espèce de ruban végétal flottant. C’est grâce à ces feuilles que la plantes pourra effectuer la photosynthèse qui lui permet de développer ses racines pour mieux se fixer au sol. Il lui faudra un autre mois pour effectuer cette étape, puis développer une tige qui s’élèvera au-dessus de l’eau. Les feuilles aériennes en forme de rubans très longs sont peu nombreuses et la tige se termine par un épi floral composé d’une section mâle au port retombant chapeauté d’une section femelle érigée. La floraison a lieu à partir du mois de juillet. Les graines peuvent être récoltées vers la fin de septembre, mais généralement plus tard en octobre selon les conditions météo. Comme il s’agit d’une plante annuelle, il faut laisser des graines en place afin que la plante se ressème d’elle-même.
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Bonne rentrée à tous. Par Isabelle Nadeau, agr.