Dans un article précédent, nous vous avons dévoilé l’avènement d’un projet novateur issu de la collaboration du Jardin Daniel A. Séguin et d’Aiglon Indigo. Tel que promis, voici les plus récentes nouvelles au sujet du déploiement de ce chantier. Tout au long du printemps, nous avons travaillé à la sélection méticuleuse des végétaux. Ce processus rigoureux nous a néanmoins enthousiasmés, car nous étions impatients de mettre en place ces communautés de plantes appelées à incarner une horticulture nouvelle, évocatrice de notre nature et empreinte d’authenticité.
Une sélection minutieuse et organisée
Les plantes du projet ont été choisies afin de jouer des rôles précis issus des concepts présentés dans l’ouvrage « Planting in a Post Wild World ». Elles ont également été distribuées dans les différentes zones que nous avons déterminées afin de faciliter la composition du jardin. Nous avons donc subdivisé le jardin en six zones qui, en plus de nous aider à structurer l’espace, répondaient aux conditions prévalentes dans chacune de ces zones. Ainsi, la portion de l’Espace Aiglon Indigo dans laquelle on retrouve de magnifiques roches et rochers datant de l’époque de la création du jardin par Milan Havlin et formant une splendide muraille une fois désherbée, s’est vue qualifiée de « zone de l’escarpement ». En lui attribuant ce nom et ce découpage, nous convenions alors que la mise en valeur de la muraille et les conditions d’ombre créées par le peu d’expositions direct au soleil nous encourageaient à utiliser une panoplie de végétaux issus des falaises maritimes ombragées de l’est du Québec. Ce secteur fait donc appel à des espèces telles que l’ancolie du Canada et le zygadène glauque. Cinq autres zones se partagent l’espace et les voici schématiquement représentées.
Planifier en trois dimensions
Les zones établissent un partage de l’espace vu en plan, mais nous avons également établi une distribution de l’espace en trois dimensions. L’approche développée par Thomas Rainier et Claudia West est des plus efficaces en ce sens. On y retrouve trois strates fonctionnelles, un peu à l’image des strates qui occupent l’espace en milieu naturel: une strate couvre-sol, une strate d’animation et une strate structurale. Ces strates fonctionnelles permettent également d’occuper l’espace de manière globale, hors du sol, par le port des plantes, comme dans la terre par leurs systèmes racinaires.
La strate la plus basse, dite couvre-sol est composée de plantes basses, de plantes couvre-sol, de graminées et de plantes apparentées. Elle est de première importance dans cette approche, car elle vise à recouvrir le plus possible la surface du sol et limite les possibilités pour des espèces indésirables de s’établir. Elle constitue de plus une toile de fond sur laquelle se déploient les autres espèces des autres strates. La strate intermédiaire d’animation, comme son nom l’indique, vise à donner vie à l’espace, à l’animer et à faire en sorte que l’aménagement soit perpétuellement renouvelé et changeant. Elle recourt généralement à des espèces dont l’intérêt est passager, mais spectaculaire, souvent des vivaces lors de leur floraison, mais aussi des plantes dont la coloration automnale est remarquable ou les fruits hors du commun.
La troisième strate est la strate structurale. Elle vise à donner forme à l’espace en accentuant les contours ou les éléments marquants, à diriger le regard ou encore à guider les déplacements. Cette strate peut aussi créer des conditions d’ombrage et d’ambiance qui aident à définir le lieu.
La sélection finale
Pour ces six zones et ces trois strates, nous avons sélectionné une série de plantes indigènes, pour la plupart, qui s’agencent harmonieusement et qui créent un enchaînement de floraisons et de renouveau au fil des saisons. Voici donc les plantes que nous avons sélectionnées :
Strate couvre-sol
Strate d’animation
Dianthus carthusianorum
Strate structurale